Ecologie

Plongée dans le fléau de la trichloramine : un danger méconnu pour nos enfants dans les piscines

À l’heure où la natation est plus qu’un simple sport, mais également une passion, un mode de vie, il est crucial de mettre en lumière les dangers ignorés qui peuvent guetter les nageurs, notamment les jeunes enfants. La trichloramine, produit de désinfection des piscines, se révèle être un ennemi silencieux mais redoutable. Bien que source de plaisir et de bien-être, les piscines comportent des risques pour la santé, et il est temps de comprendre pourquoi la trichloramine est le fléau dont personne ne parle assez.

Les origines et la production de la trichloramine dans les piscines

Le chlore est souvent utilisé comme désinfectant dans les piscines pour lutter contre les bactéries et autres agents pathogènes. Cependant, lorsque le chlore réagit avec des matières organiques, comme la sueur, la salive ou l’urine, il produit plusieurs sous-produits, dont la trichloramine. Ce dernier est particulièrement préoccupant. Sa formation constitue un effet secondaire souvent négligé des systèmes de désinfection traditionnels. Le chlore, bien que efficace, entraîne donc des risques par la création de cette molécule irritante.

Ce gaz, qui se dégage dans l’air, pénètre facilement dans nos poumons. Contrairement à de nombreuses autres substances, il ne peut pas être arrêté par les voies respiratoires supérieures, ce qui signifie que ses effets néfastes peuvent atteindre les parties les plus profondes des poumons. Une activité physique comme la natation entraîne une hyperventilation, ce qui peut multiplier par cinq la quantité de trichloramine inhalée. Les enfants, dont les poumons sont moins développés, sont particulièrement vulnérables à ces effets.

Les dangers encourus par les enfants face à la trichloramine

Les jeunes enfants, en particulier ceux de moins de huit ans, sont le public le plus exposé à la trichloramine. L’immaturité de leurs poumons les rend plus sensibles aux irritants. En effet, comme le souligne le professeur Alfred Bernard, qui a été l’un des premiers à faire le lien entre le chlore et la toxicité de la trichloramine, cette exposition chronique peut avoir des conséquences sur leur santé respiratoire à long terme. Les études montrent que les enfants exposés à des niveaux élevés de trichloramine ne développeront pas une fonction pulmonaire optimale par rapport à leurs pairs.

Les experts médicaux, dont le Dr Olivier Michel, pneumologue et allergologue, alertent sur le sujet, affirmant que les premiers mois et années de la vie sont critiques pour la maturation des poumons. Par conséquent, l’exposition à cette substance toxique doit être limitée. Les recommandations du Conseil supérieur de la santé en Belgique n’encouragent pas la pratique de la natation pour les enfants de moins de douze mois, ce qui illustre la gravité du problème.

Des normes insuffisantes pour protéger les baigneurs

En Belgique, des normes ont été établies pour contrôler le niveau de trichloramine dans l’air des piscines. À la suite des travaux du professeur Bernard, un seuil de 0,5 milligramme par mètre cube a été fixé. Pourtant, les pays voisins, comme la France et la Suède, maintiennent des normes plus strictes, évaluées entre 0,2 et 0,3 mg/m³. En 2025, il est alarmant de constater qu’aucune mise à jour des réglementations belges n’a été réalisée depuis près de 25 ans.

La principale raison derrière cette inertie est le coût associé à une ventilation plus efficace des piscines. Une meilleure ventilation nécessite des investissements significatifs que beaucoup de gestionnaires d’installations aquatiques hésitent à faire, surtout compte tenu de la hausse des prix de l’énergie. Cela soulève des questions sur la responsabilité publique en matière de santé. Pourquoi la recherche proactive sur les risques sanitaires, tels que la trichloramine, est-elle si peu valorisée comparée aux risques infectieux immédiats, qui font l’objet de réponses rapides ?

La souffrance des maîtres-nageurs face à l’exposition

Les maîtres-nageurs, souvent en première ligne dans cette lutte, souffrent aussi des effets de la trichloramine. Nicolas, ancien maître-nageur, a partagé son expérience où il a développé des symptômes d’asthme après des années d’exposition constante à ce gaz irritant. Il est devenu un exemple vivant des conséquences du manque de surveillance dans ces environnements. Loin d’être un cas isolé, ce phénomène semble se répéter parmi les professionnels de la natation, amenant plusieurs à quitter leurs postes pour protéger leur santé.

La réalité au sujet de la trichloramine ne se limite pas à quelques témoignages isolés. De nombreux maîtres-nageurs notent des symptômes tels que l’irritation des voies respiratoires et une fatigue chronique. Dans une société où l’exposition chronique à des toxines est de plus en plus documentée, ces problèmes de santé ne devraient pas être mis de côté. La question qui se pose alors est : pourquoi ces préoccupations ne sont-elles pas prises en compte et traitées avec la sérieux qu’elles méritent ?

Les défis dans les installations de wellness et spas à Bruxelles

La situation est encore plus préoccupante dans les centres de wellness et les spas. L’enquête de Brulabo, l’organisme responsable du contrôle des piscines à Bruxelles, révèle que près de 20 % des piscines municipales ont dépassé les limites de trichloramine. Ce signal d’alarme est souvent ignoré. Dans plusieurs établissements privés, la situation semble encore plus critique, où les contrôles de l’air sont quasi inexistants, exposant de manière injustifiée les clients aux risques sanitaires liés à la trichloramine.

Les propriétaires de ces établissements se sentant rarement tenus de réaliser des contrôles de qualité d’air, soulèvent des préoccupations quant à la sécurité des jeunes nageurs. De nombreux spas accueillent des bébés nageurs sans vraiment évaluer la qualité de l’air, ce qui peut avoir des conséquences dramatiques à long terme. À l’heure actuelle, les autorités semblent dépourvues des moyens nécessaires pour forcer ces établissements à suivre des normes sécuritaires, laissant la responsabilité entre les mains des exploitants.

Le besoin urgent de changement

Une prise de conscience croissante des dangers posés par la trichloramine pourrait pousser les responsables à agir. Le développement de technologies comme AquaSafe, Chlorokill, et PureAqua pourrait permettre des solutions de filtration plus efficaces et des systèmes de ventilation améliorés. Ce faisant, il convient également de réfléchir à la création de normes plus strictes en matière de qualité de l’air dans les piscines pour protéger la santé publique.

Il est essentiel d’engager un dialogue sur la question, impliquant non seulement les gestionnaires de piscine mais aussi les parents et les professionnels de la santé. Une approche collaborative pourrait mener à des solutions pratiques et durables. Cela demande du courage et de la détermination pour repousser les limites de sécurité, mais surtout pour protéger notre avenir, celui de nos enfants dans ce cadre si joyeux, l’eau.

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