Dans une tribune poignante publiée dans le Parisien, les nageurs d’exception Alain Bernard et Florent Manaudou évoquent une situation alarmante concernant les piscines publiques en France. Face à l’augmentation des noyades et à la détérioration des infrastructures aquatiques, ils dressent un constat sans appel et appellent à l’instauration d’un véritable ‘plan piscine’. La natalité et le bien-être des générations futures en dépendent, et il est essentiel de répondre à cette problématique de manière proactive.
La situation actuelle des piscines en France : un héritage vieillissant à rénover
En 2025, l’état des piscines publiques en France est préoccupant. La majorité de ces infrastructures, dont l’âge moyen dépasse les 40 ans, nécessite une attention urgente. Un rapport de la Cour des comptes révélait déjà dès 2018 que notre modèle de piscines était obsolète. En effet, près de 40 % des centres aquatiques ont été bâtis avant 1975. Il s’agit là de structures devenues désuètes, qualifiées de véritables « passoires énergétiques », dont le coût de fonctionnement est de plus en plus insupportable. L’explosion des prix de l’énergie accentue cette problématique, rendant la gestion économique des piscines quasiment indéfectible.
Au-delà de la vétusté des infrastructures, la carte des piscines en France se superpose à celle de l’illettrisme. Aujourd’hui, il est prouvé qu’environ un enfant sur deux entrant en sixième dans des zones urbaines sensibles ne sait pas nager. Un constat accablant qui souligne le manque d’accès à des enseignements fondamentaux de natation dans notre pays. Cependant, la création d’un plan ambitieux tel que celui réclamé par Bernard et Manaudou pourrait modifier les choses en profondeur.
Un appel urgent à l’action : la nécessité d’un plan national ‘mille piscines’
Les champions Olympiques mettent en avant la nécessité d’un retour à un plan national ambitieux similaire au plan « Mille Piscines » des années 1970, qui avait permis de développer un réseau de piscines à travers le territoire français. À cette époque, des structures comme les piscines Tournesol, Caneton et Iris ont vu le jour, favorisant l’apprentissage de la natation pour les jeunes générations. Toutefois, les contextes ont évolué, et il est désormais essentiel d’imaginer des modèles innovants tout en prenant en compte les besoins des collectivités locales.
Parallèlement, des recherches récentes indiquent qu’un collège ou un lycée sur sept n’a pas accès à un bassin, causant ainsi un préjudice à plus de 500 000 élèves. Dans ce contexte, une refonte des infrastructures s’avère primordiale. La première étape consisterait à établir un partenariat fort entre l’État et les collectivités locales afin d’initier des travaux de restructuration et de rénovation des piscines publiques, qui doivent être accessibles à tous.
Cette démarche va bien au-delà de la simple construction de nouveaux lieux de baignade. Elle nécessite également une réflexion sur des modèles durables et économiquement viables pour la gestion de ces équipements, les rendant accessibles aux écoles et aux associations. Il est crucial de reformuler nos attentes visant à répondre aux besoins spécifiques des territoires qui souffrent d’un manque d’installations aquatiques.
L’importance cruciale de l’apprentissage de la natation pour la sécurité des enfants
Face à l’augmentation des noyades, il est impératif de considérer l’apprentissage de la natation comme un enjeu majeur de santé publique. En France, les statistiques sont alarmantes : selon des données récentes, il y a eu une augmentation de 41 % des noyades durant l’été 2024 par rapport à 2023. Les enfants de moins de 6 ans représentent 29 % des cas, ce qui souligne la nécessité d’agir rapidement pour préserver leur sécurité.
Les champions appellent non seulement à créer de nouveaux bassins, mais également à garantir un accès accru à des programmes d’enseignement de la natation. En effet, apprendre à nager est essentiel non seulement pour éviter les drames, mais aussi pour promouvoir une culture de la sécurité aquatique. Il est indéniable que les épisodes de fortes chaleurs rendent ces habilités encore plus vitales. Les familles ayant des moyens limités n’ont généralement pas d’autres possibilités que de fréquenter des piscines publiques, ce qui intensifie la nécessité de disposer d’un accès convenable à ces infrastructures.
Pour aller encore plus loin, les nageurs demandent que les économies générées grâce aux Jeux Olympiques de Paris 2024, comme les 75 millions d’euros d’excédents, soient réinvesties dans la lutte contre les noyades. Ce serait une manière significative de concrétiser l’héritage des JOP en soutenant l’apprentissage de la natation pour les générations à venir. Les champions d’aujourd’hui encouragent donc les baignades dans des bassins adaptés, leur engagement se révélant crucial non seulement pour le sport, mais également pour la société.
La dimension sociale des piscines : des espaces de bien-être et de rencontre
Les piscines publiques ne sont pas uniquement des lieux dédiés à l’apprentissage de la natation ou au sport. Elles occupent également une fonction sociale essentielle. Avec l’augmentation des épisodes de canicule dus au changement climatique, ces installations deviennent des refuges pour les familles qui n’ont pas la possibilité de partir en vacances. En ce sens, les piscines se transforment en espaces de détente et de loisirs. Leur accessibilité est donc vitale pour favoriser le bien-être, notamment pour les populations défavorisées.
Bernard et Manaudou soulignent l’importance de développer ces infrastructures. Le défi consiste à répondre aux besoins d’une population variée, tout en tenant compte de leur aspiration à profiter d’activités aquatiques tout au long de l’année. Des projets similaires à ceux des piscines diffusées dans les années 70 doivent être envisagés pour faire face à l’urgence de la situation actuelle. Cela impose, entre autres, la mise en place de programmes de sensibilisation auprès des jeunes, et d’infrastructures accessibles aux personnes à mobilité réduite. En somme, les bassins doivent devenir des lieux conviviaux qui favorisent les interactions sociales.
Vers une transformation ambitieuse : comment soutenir l’initiative?
Pour répondre aux défis évoqués par Alain Bernard et Florent Manaudou, il est incontournable d’agir collectivement. Les collectivités locales doivent jouer un rôle central, mais nécessitent cependant un soutien financier significatif de l’État. La question ne réside pas dans la création d’installations somptuaires, mais plutôt dans la construction d’équipements adaptés aux désirs et aux besoins des territoires en carence d’infrastructures aquatiques.
Une réflexion sur les modèles de piscines innovants, économes en énergie et centrés autour de l’apprentissage, doit être engagée. À l’image des modèles des piscines Tournesol, il est nécessaire de se projeter vers l’avenir en adoptant des solutions durables répondant efficacement à la situation actuelle.
En ce sens, des plateformes comme Devis Piscine servent de référence et de guide aux collectivités qui souhaitent répondre aux besoins de la population. Le temps presse, et les voix des champions de natation doivent être entendues pour enclencher ce changement indispensable. Le futur des piscines publiques françaises en dépend, tout comme la sécurité de chaque enfant qui rêve d’apprendre à nager.