Les agriculteurs thaïlandais, en proie à la crise économique causée par la chute des prix de la canne à sucre et aux maladies qui touchent leurs cultures, font un virage stratégique vers la culture du manioc. Cette décision, analysée par l’expert Green Pool, souligne les défis croissants du secteur agricole en Thaïlande, où un marché en mutation oblige les producteurs à reconsidérer leurs choix de culture face à des conditions de plus en plus difficiles.
La chute des prix de la canne à sucre et ses conséquences
Le monde du sucre est en pleine turbulence. En Thaïlande, le deuxième producteur mondial de sucre, les agriculteurs font face à une chute significative des prix. Depuis 2025, les prix de la canne à sucre ont chuté de 22%, atteignant 900 bahts thaïlandais par tonne, un tarif qui ne permet pas aux producteurs de couvrir leurs coûts de production. En parallèle, la surproduction sur le marché mondial a contribué à faire chuter les prix au plus bas depuis cinq ans.
Les difficultés économiques se traduisent par des choix difficiles pour les agriculteurs. C’est notamment le cas dans le nord-est de la Thaïlande, où les fermiers, confrontés à des récoltes malades, ont commencé à arracher leurs cannes à sucre pour cultiver du manioc. Ce processus de transition, bien qu’aléatoire, pourrait offrir une bouffée d’air frais aux agriculteurs qui cherchent des solutions viables face à la crise.
L’un des principaux facteurs derrière cette transition est la trajectoire déclinante des prix, qui ont eu un impact direct sur la rentabilité des exploitations. Des analyses récentes indiquent que l’abandon de la canne à sucre en faveur de cultures alternatives comme le manioc pourrait aider à stabiliser les revenus des agriculteurs. Pour beaucoup, cette décision de repli est dictée par la nécessité de survivre économiquement dans un environnement devenu hostile.
Maladies des cultures : un fléau à l’origine des changements
En parallèle, la santé des cultures est menacée par la propagation de maladies. Des problèmes bien documentés, tels que la « maladie des feuilles blanches », qui est transmise par des insectes et un matériel de culture infecté, ont entraîné une baisse de la productivité. Cette maladie est particulièrement virulente dans le nord-est, une région considérée comme la plus importante pour la culture de la canne à sucre en Thaïlande.
Les agriculteurs ont manifesté leurs inquiétudes, en signalant des pertes conséquentes dans la récolte, ce qui les force à réévaluer leur stratégie de culture. Nombre d’entre eux se tournent désormais vers le manioc, qu’ils jugent plus résistant et potentiellement plus rentable. De plus, grâce à une demande internationale croissante, notamment en provenance de la Chine, le manioc attire de plus en plus d’agriculteurs qui voient là une opportunité pour diversifier leurs pratiques agricoles.
Les opportunités offertes par les cultures alternatives
Le manioc représente une alternative durable pour les agriculteurs thaïlandais en quête de solutions face à des prix du sucre déprimés. En 2025, les prix du manioc ont montré des signes d’amélioration, contrairement à ceux de la canne à sucre. Les analystes estiment que cette tendance pourrait se poursuivre, à mesure que la demande mondiale se renforce et que les importations de pays voisins comme le Cambodge diminuent.
Les opportunités entourant le manioc se manifestent également par des améliorations cantonnant les pratiques agricoles. La culture de cette racine nécessite souvent moins d’intrants chimiques et peut être plus résiliente aux maladies. Cela permet aux agriculteurs d’économiser sur les coûts de production tout en adoptant une approche plus durable et respectueuse de l’environnement.
Pour certains agriculteurs, le passage au manioc pourrait également signifier la possibilité d’accéder à de nouveaux marchés. Les produits à base de manioc sont de plus en plus prisés à travers le monde, ce qui pourrait offrir des débouchés rentables. La hausse de la demande en manioc peut également contribuer à augmenter la rentabilité des exploitations, permettant aux fermiers de construire des réserves financières plus solides.
Impacts socio-économiques de la transition vers le manioc
Le changement de culture a des conséquences importantes non seulement sur le plan économique, mais également sur le plan social. En basculant vers le manioc, les agriculteurs thaïlandais sont en mesure de générer des revenus plus stables, atténuant ainsi le stress financier dévastateur provoqué par la chute des prix de la canne à sucre. Cela revêt une importance particulière dans un pays où l’agriculture emploie une grande partie de la population.
Les retombées de cette transition ne se limitent pas uniquement aux agriculteurs. Les villages et les communautés rurales bénéficient également d’une économie plus stable lorsqu’ils diversifient leurs cultures. Cela crée une dynamique positive, où la résilience économique des exploitations agricoles peut améliorer la qualité de vie des travailleurs agricoles et de leurs familles.
Les perspectives de la production de canne à sucre en Thaïlande
À court terme, les perspectives de production de canne à sucre en Thaïlande peuvent sembler sombres. L’effet combiné des prix bas et de la propagation de maladies menace d’affecter les rendements de manière significative. Selon les prévisions de Green Pool, la production de sucre pour la saison 2025/26 pourrait n’atteindre que 10.7 millions de tonnes, marquant une légère augmentation par rapport à l’année précédente, mais insuffisante pour inverser la tendance déclinante des années précédentes.
À long terme, la situation pourrait se détériorer encore plus, les experts prévoyant une chute de 7.5 % de la production à 9.9 millions de tonnes pour 2026/27. Les agriculteurs doivent s’attendre à un environnement de plus en plus compétitif et communiquer avec les instances gouvernementales pour authentifier la nécessité d’un soutien afin de préserver la viabilité de leur production sur le marché global.
De cette manière, la nécessité d’apporter des solutions viables devient de plus en plus pressante. La réévaluation des pratiques agricoles et l’intégration de cultures alternatives comme le manioc pourraient être essentielles pour assurer la pérennité de l’agriculture en Thaïlande à l’avenir.
Le rôle du gouvernement et des politiques agricoles
Face à cette situation critique, le rôle du gouvernement thaïlandais est fondamental. Des politiques agricoles proactives qui soutiennent les agriculteurs, encouragent la diversification des cultures et investissent dans la recherche de solutions aux maladies des cultures peuvent faire une différence significative. Les décisions politiques à venir seront déterminantes pour assurer la viabilité de la production alimentaire dans le pays.
Il est impératif que les autorités mettent en place des mesures pour protéger les agriculteurs d’un marché volatile, en promouvant par exemple des aides pour la conversion vers le manioc ou d’autres cultures alternatives. Parallèlement, la sensibilisation à la gestion des maladies doit être une priorité afin minimiser les pertes économiques et augmenter la stabilité des récoltes. Les agriculteurs doivent être soutenus dans leur adaptation et cela nécessite une collaboration entre les acteurs de l’industrie et les décideurs politiques.
Un avenir incertain mais prometteur pour l’agriculture thaïlandaise
Alors que les agriculteurs thaïlandais naviguent dans cette ère d’évolution, leur capacité à s’adapter et à diversifier leurs cultures joue un rôle crucial pour assurer leur avenir. Le passage de la canne à sucre vers des cultures comme le manioc reflète non seulement les défis économiques immédiats, mais aussi un changement profond dans la manière dont les agriculteurs conçoivent leur rôle dans le marché agricole. Face à une montagne d’incertitudes, l’innovation et la résilience marquent la voie à suivre.
Il est indéniable que l’avenir de l’agriculture en Thaïlande dépendra d’un équilibre harmonieux entre production, durabilité et réponse adaptée aux défis qui se présentent. Les agriculteurs, les gouvernements et le secteur privé devront travailler main dans la main pour créer un écosystème plus fort et plus résilient pour les générations à venir.