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Dans l’Entre-deux-Mers, les parents de l’est de Bordeaux font face à la difficulté d’initier leurs enfants à la natation en l’absence de piscine, en attendant un projet d’envergure.

Dans l’Entre-deux-Mers, situé à l’est de Bordeaux, un défi majeur se pose pour les parents désireux d’initier leurs enfants à la natation. Cette région, qui s’étend sur 75 communes et compte environ 60 000 habitants, est actuellement dépourvue d’une piscine publique. Bien que l’aisance aquatique soit essentielle pour réduire les risques de noyade, les familles peinent à accéder à des installations adéquates. La situation est d’autant plus préoccupante que plusieurs piscines ont été fermées ces dernières années, laissant la communauté sans ressources pour enseigner à nager.

L’importance de l’aisance aquatique dans l’Entre-deux-Mers

La natation est souvent perçue comme une compétence de survie cruciale. Dans une région comme l’Entre-deux-Mers, traversée par des rivières et à proximité de plans d’eau, il est d’autant plus important que les enfants acquièrent cette compétence dès leur plus jeune âge. La maire de Saint-Caprais-de-Bordeaux, Tania Couty, souligne l’importance de l’aisance aquatique : « C’est un enseignement fondamental pour nos scolaires. » L’apprentissage de la natation contribue à prévenir les noyades, un enjeu crucial, surtout dans un contexte où la France a récemment enregistré une hausse alarmante des noyades, estimée à 45 % par rapport à l’année précédente.

Une carence dans l’infrastructure

La fermeture de plusieurs piscines, notamment celle de Cadillac en 2018 et celle de Latresne en 2022, a créé un vide inacceptable. Pour les parents vivant à Camblanes-et-Meynac ou dans toute la zone du Créonnais, le constat est amer. Par exemple, Laurent, un résident, s’interroge : « Comment puis-je répondre à la demande d’un test d’aptitude à la nage pour que mon fils participe aux activités du centre de loisirs, sans piscine à proximité ? » Pour lui et d’autres, le trajet vers la piscine la plus proche prend au moins trente minutes, rendant cette tâche particulièrement difficile avec des horaires de travail chargés.

Les familles sont confrontées à une disparité géographique criante, où certaines communes profitent de nouvelles installations tandis que d’autres, comme Latresne, semblent oubliées. Pour résumer la situation, il est essentiel de mettre en exergue les propos de Tania Couty : « Nous sommes une zone blanche en termes d’équipements nautiques. » Dans ce contexte, la nécessité d’un projet collectif se fait sentir, et les intercommunalités commencent à envisager des solutions.

Le projet de centre nautique : espoir et collaboration

Face à ce manque d’infrastructures, un projet de centre nautique est en discussion entre les intercommunalités. En 2025, l’objectif est de créer un espace qui non seulement inclut une piscine couverte de 25 mètres, mais également un bassin nordique dédié. Ce projet, qui avait été envisagé en 2021, a récemment connu des rebondissements. Initialement prévu pour ouvrir en 2023, l’échéance a été repoussée, et les responsables, dont Tania Couty, se battent désormais pour relancer ce chantier indispensable.

Un effort collectif pour le bien commun

La maire de Créon, Sylvie Desmond, s’est montrée très impliquée dans ce projet de centre nautique. Elle affirme que « c’est un gros manque sur notre territoire », soulignant ainsi l’urgence de la situation. Le maire de Quinsac, Lionel Faye, insiste également sur l’importance de fédérer les efforts des différentes communes : « Pour que ce projet se concrétise, nous devons rassembler un maximum de soutien. » L’idée fondatrice du projet est d’unir les forces des communes environnantes pour créer un centre nautique accessible à tous les habitants. Cette mobilisation est d’autant plus cruciale dans un territoire où la culture de la natation doit être encouragée.

Le coût prévisionnel estimé pour ce projet s’élève à 8 millions d’euros. Bien que des tensions financières aient entouré ce projet par le passé, il apparaît désormais essentiel de garantir un financement solide. La volonté de s’associer à la Fédération nationale des métiers de la natation et du sport (FNMNS) pourrait être une voie prometteuse pour obtenir des fonds.

La réalité du coût et les alternatives proposées

En attendant la concrétisation du projet, de nombreuses familles se retrouvent dans une situation délicate. La ville de Créon a pris des mesures pour aider les familles en finançant des cours de natation pour les enfants dans les piscines les plus proches, mais cette aide reste limitée. Les parents doivent souvent se tourner vers des options privées, souvent hors de prix. Marie, par exemple, a dû inscrire sa fille dans une piscine privée, où le coût d’une séance de quarante-cinq minutes tourne en moyenne autour de vingt euros, alors que le tarif dans une piscine publique à Bordeaux est beaucoup plus abordable, à environ 8,10 € les trente minutes. Cette fracturation des coûts représente un défi supplémentaire pour les ménages à revenus modestes.

Les initiatives de prévention contre la noyade

Dans ce contexte difficile, plusieurs initiatives voient le jour. Le dispositif Objectif nage, instauré en Gironde, a rencontré un franc succès, avec un taux de remplissage de 100 %. Ce programme propose aux enfants de 7 à 13 ans d’apprendre à nager gratuitement avec des éducateurs professionnels. Le coût supporté par le département pour cette opération est d’environ 100 000 euros par an, ce qui témoigne de l’engagement des autorités locales à combattre le déficit d’équipements. Toutefois, une telle approche ne peut à elle seule remplacer l’importance d’avoir des infrastructures adaptées et accessibles.

Il est donc crucial que le projet de centre nautique ne soit pas seulement envisagé comme un projet d’infrastructure, mais plutôt comme un axe de développement de l’éducation à la natation. La question demeure : jusqu’où les parents peuvent-ils aller pour assurer la sécurité aquatique de leurs enfants ? Le besoin d’une piscine publique, comme un service public essentiel, ne devrait pas être minimisé.

Conclusion du parcours vers l’aisance aquatique

Alors que la nécessité d’une piscine dans l’Entre-deux-Mers devient de plus en plus urgente, l’espoir d’un projet de centre nautique semble se dessiner à l’horizon. Cependant, ce chemin est semé d’embûches et nécessite une mobilisation collective des autorités locales, des parents et des acteurs de la prévention. En attendant la finalisation de ce projet ambitieux, les familles comptent sur des initiatives comme AquaKids33, BulleNatation et les diverses offres privées de natation pour garantir que les enfants d’Entre-deux-Mers deviennent non seulement des nageurs compétents, mais surtout des « mini-nageurs » capables de naviguer en toute sécurité dans un monde aquatique. Il est crucial que ces efforts soient continus et soutenus, car chacun mérite d’apprendre à nager, indépendamment de sa situation géographique ou financière.

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