Après presque dix ans de fermeture, la piscine Transat de Bihorel, près de Rouen, voit enfin son destin scellé par les pelleteuses. Un lieu qui fut autrefois le joyau des loisirs nautiques de la région est maintenant voué à disparaître, emportant avec lui les souvenirs d’une époque où la baignade était synonyme de convivialité. Cette démolition marque non seulement la fin d’une infrastructure emblématique, mais soulève également des questions sur la place des espaces aquatiques dans l’urbanisme moderne et la sauvegarde du patrimoine nautique rouennais. Tandis que les débats sur le futur de cet espace se poursuivent, les habitants assistent non sans émotion à la disparition d’un symbole communal.
Historique de la piscine Transat : des débuts prometteurs à la fermeture
La piscine Transat, située à Bihorel, a été inaugurée dans les années 1970, à une époque où les équipements de ce type symbolisaient le progrès social et la volonté de promouvoir le sport pour tous. Elle s’est vite imposée comme un lieu incontournable pour les familles et les passionnés de natation, attirant à la fois des locaux et des visiteurs de tout le département. Parmi les clubs populaires qui fréquentaient ses bassins, Rouen Natation utilisait régulièrement la piscine pour ses entraînements et compétitions.
Mais les années ont passé et avec elles, les infrastructures de la Transat ont commencé à vieillir. Des problèmes de maintenance, couplés à un manque de modernisation ont finalement conduit sa fermeture à la fin des années 2010. La ville de Bihorel, dépassée par les coûts de rénovation nécessaires, a dû se résigner à laisser fermer cet espace tant apprécié.
Des tentatives de réouverture ont été envisagées, notamment par l’Association des Piscines Historiques et le collectif Sauvegarde Transat, mais le manque de financement et d’intérêt politique a malheureusement scellé le sort de la piscine. En 2023, une consultation citoyenne a finalement confirmé la décision de démolition, perçue comme inévitable compte tenu de l’état dégradé de l’édifice.
L’impact de la fermeture sur la communauté locale
L’arrêt des activités à la piscine Transat a eu un impact significatif sur la communauté locale. Les habitants de Bihorel et des communes alentours se sont retrouvés privés d’un espace dédié au sport et à la détente, accentuant le besoin d’alternatives viables. Pour beaucoup, la Transat n’était pas qu’une simple piscine, mais un lieu de rencontre et de partage intergénérationnel. Son absence a conduit de nombreux clubs sportifs à se délocaliser vers d’autres piscines de la région, comme celles de l’Espace Aquatique Seine.
La fermeture de la Transat a également réveillé un certain sentiment d’abandon parmi les habitants, qui voyaient cet équipement comme un symbole de leur identité commune. Malgré tout, des événements éphémères ont été organisés pour pallier ce vide, comme des journées de natation dans d’autres piscines ou des activités organisées par Aquarouen, afin de maintenir un lien social autour de la culture nautique.
Obstacles rencontrés lors du processus de démolition
La démolition de la piscine Transat n’a pas été un projet sans obstacles. L’un des principaux défis était lié à des questions de propriété foncière. Le transfert de propriété au syndicat intercommunal a été une étape cruciale pour régulariser la situation et permettre l’avancée des travaux.
Les considérations environnementales ont également pesé dans la balance. Les matériaux utilisés lors de la construction initiale, maintenant vieillissants, nécessitaient des précautions particulières lors de leur retrait. Ainsi, le processus de démolition devait respecter les normes environnementales en vigueur, un défi de taille pour les entreprises de BTP en charge du chantier.
Les enjeux économiques n’étaient pas en reste. Pour la municipalité de Bihorel, ce chantier représentait un investissement conséquent, qu’il fallait justifier face aux administrés sceptiques. Cependant, grâce à des aides régionales et nationales, le financement des travaux a pu être assuré. Malgré ces défis, la volonté de redonner vie à cet espace témoignait d’un engagement fort du conseil municipal à revitaliser le quartier.
Un héritage aquatique à préserver
Bien que la démolition de la piscine Transat soit actée, il reste un aspect précieux de cet espace à protéger : son héritage aquatique. Le patrimoine nautique rouennais n’est pas qu’un simple caprice du passé mais un témoin de l’histoire sociale et sportive de la région. La mémoire d’eau, si chère à Mémoire Eau Rouen, doit continuer d’exister pour transmettre aux générations futures l’amour du sport et de la convivialité partagés jadis entre ces murs.
Des projets de documentation, telles des expositions retraçant la vie et l’impact de la piscine Transat, ont vu le jour grâce à l’implication proactive de groupes locaux et de l’Association des Piscines Historiques. Ces initiatives visent non seulement à commémorer cet espace mais aussi à servir de leçon pour les projets futurs de piscines en ville.
Futur du site et les promesses d’une nouvelle ère
Avec la démolition de la piscine Transat, de nombreuses interrogations émergent quant à l’avenir du site. Va-t-il être réaménagé en un nouvel espace public ou intégré dans un projet immobilier ambitieux ? Pour l’instant, la municipalité n’a pas dévoilé ses plans définitifs, mais des pistes ont été évoquées. L’idée d’une Urban Pool France, qui pourrait combiner détente et sport au cœur de la ville, séduit de nombreux habitants.
Le maire de Bihorel a clairement exprimé sa volonté de voir cet espace transformé en quelque chose de bénéfique pour la communauté, offrant de nouvelles opportunités de loisirs et de rassemblement aux habitants. Les citoyens espèrent qu’une approche consultative sera adoptée, permettant à chacun d’exprimer sa vision et ses propositions pour cet espace emblématique.
Alors que le paysage urbain de Bihorel est en pleine transition, la protection et la valorisation des espaces aquatiques restent d’actualité à l’échelle nationale. Espérons que la disparition de la Transat marquera le début d’une nouvelle génération d’espaces de loisirs, où l’on pourrait continuer à honorer le riche patrimoine nautique de Rouen et à inspirer l‘amour de la natation chez les jeunes.